Remi est parti, je reprends la route..

Enfin pas vraiment car les 22h de bus jusqu’à Cusco m’ont effrayé, j’ai donc triché et pris l’avion.


Cusco, 3300m et des brouettes, nombril du monde selon les incas, porte d’entrée des merveilles archéologiques dont le sanctuaire du Machu Picchu. Comme d’habitude j’ai atterri la sans trop savoir ce que j’allais y faire ni dans quel ordre. Et c’est après que Félicien m’ais invité à aller boire une bière avec Théo et lui (c’était samedi soir) et qu’ils m’aient fait part de leur projet, que je me suis lancé dans leur aventure. L’idée était de partir 48h plus tard faire le (déjà trop célèbre) trek du Salkantay permettant de rejoindre en 4 jours Aguas Caliente, le village au pied du Mapi (Machu Picchu pour les intimes). Ce trek est de plus en plus populaire, car c’est une alternative à « l’inca trail » qui rejoint aussi les fameuses ruines, mais qui nécessite d’avoir réservé ses places 5 a 6 mois à l’avance. Bref beaucoup d’agences partent avec des larges groupes, un cuisinier des chevaux pour porter tente et nourriture. Bin justement les parisiens (Théo et Félicien) avaient décidé de se débrouiller comme des grands, avec une carte et en louant réchaud et tente. C’était donc notre premier trek en autonomie a tous les 3. C’est coté provisions qu’on a eu la main un peu lourde et mon sac à dos au départ du trek pesait.. 15,5kg ( avec la tente et 2,5l d’eau certes.., mais c’est néanmoins beaucoup trop)


J1 lever 4h30 pour attraper un collectivo qui nous dépose dans un petit village à 2h de Cusco ou se fait le départ du trek. Ce jour la 6h de marche, 1100m de dénivelé en pente douce jusqu’à 4000m. Déjà bien fatiguant avec les 15kg sur le dos. Malgré les feuilles de coca mâchées sur la route, j’ai un bon mal de crane en arrivant au campement de Soraypampa. On plante nos tentes sous les grands abris bâchés du campement sensés protéger du vent. Le groupe d’ado argentins qui partage l’abri avec nous est super sympa et viennent partager avec plaisir les légumes frais que leur a préparé leur cuisinier. Ce qui est bien parce que le riz au bouillon, bon.. Le soleil se couche sur le mont salkantay enneigé en toile de fond. A 20h tout le monde est couché, ya rien de mieux à faire et on se les pèle.


J2. Lever 5h, aujourd’hui on franchit le col du salkantay 600m plus haut. Le sommeil a pas été des meilleur, il a fait jusqu’à -6 cette nuit et puis, on a des tapis de sol bien fins. On lorgne envieusement les groupes avec leur gros matelas gonflables portés par les chevaux… Mais, allez, on est des vrais, nous ! On attaque la montée et très vite, les garçons me distancent. Mais je suis loin d’être seule, tudieu non, on sera au moins 150 sur le même sentier aujourd’hui... La dernière montée est difficile, obligée de m’arrêter tous les 20m hors de souffle. Mais le soleil qui fait briller le glacier du Salkantay est une sacrée récompense ! Les garçons m’ont pas attendu, pas cool, alors c’est parti pour la descente. Avec les bâtons de marche, c’est un vrai bonheur ! Du moins au début car après 5h de descente, bâtons ou pas, ça commence à être pénible. La végétation change et se densifie, on passe des plaines d’altitude a une quasi jungle. Ce soir on campe à Chaullay (2900m) avec les autres groupes : douches, toilettes, tables et même de la bière (elle est ou l’aventure.. ?!). 8h de marche aujourd’hui ca mérite un bon dodo.


J3 « petite journée », descente ou plat avec la rivière en contrebas. Je reste avec les argentins, à discuter. Théo et Félicien s’escriment a essayer des seuls sur la route et à fuir les groupes, ce qui est complètement illusoire. 4h plus tard on est à Playa, ou on trouve de quoi se ravitailler (à se demander pourquoi on avait autant de provisions avec nous, heureusement on s’est délesté largement au campement le premier soir). La, notre chemin se sépare des groupes organisés qui continuent en bus jusqu’à des sources thermales. Nous on a choisi un chemin certes plus dur, mais à pied, et qui nous fait passer par les ruines d’ingapirca. N’ayant marché que 4h aujourd’hui, on décide d’attaquer la montée de la dernier montagne qui nous sépare de la vallée du MaPi. 1200m de dénivelé en 3h, j’ai cru que je n’y arriverais pas. Mais encore une fois une belle récompense, car une fois passé le col on arrive aux modestes ruines d’ingapirca, désertes et perdues au milieu de la végétation, mais avec une vue magnifique.. sur les montagnes du machu picchu !! LE MACHU PICCHU !!


J4, moins intéressante on dévale la pente, jusqu’à Hidroelectrica , une centrale placée dans la vallée (c'est moche) et à partir de laquelle on rejoint la voie de chemin de fer qui relie Cusco a aguas caliente. Aussi invraisemblable que ça puisse paraitre pour un site aussi touristique que le Machu Picchu, il n’y a pas de route jusqu’à aguas caliente. 2 solutions alors : prendre le train 45USD au moins cher a partir de ollaytaytambo à 2h de Cusco, ou bien marcher 3h le long des voies avec les moustiques. Par chance le chemin est superbe, la végétation est luxuriante et la rivière serpente entre ces étranges montagnes verticales. Nuit a aguas caliente, dans un vrai lit. Ce village ressemble à une espèce de station de ski sans neige, perdue loin de tout, remplie de restaurants touristiques, de boutique de souvenirs et d’hôtels de toutes gammes.


J5. Le jour tant attendu de la découverte du MaPI. Pour monter au site, 2 solutions : le bus (qui coute plus cher qu’un Cusco Arequipa) ou les marches (2000m en tout). En haut les portes ouvrent à 6h. Les garçons qui voulaient absolument être les premiers sur le site (vous les sentez , les parisiens, là…) , ont choisi les marches, se sont levé à 3h45, pour être les premiers à accéder aux marches , monter en courant ( 40min), et être encore les premiers à faire la queue devant les grilles en haut. Et Théo était en effet le premier à entrer sur le site ce jour-là. Moi j’ai pris le bus, dont le premier part à 5h 30. Je pensais donc être assez large en arrivant 45min avant. Que nenni, il y avait déjà 200 personnes qui faisaient la queue. N’empêche les premiers bus sont parti à 5h et j’étais en effet dans les 200 premiers à rentrer sur le site (ceux qui ont pris les marches sans courir sont arrivés en haut après) (je vous ai perdu la avec mes histoire de grilles et de marches, non?). Le jour n’est pas encore complétement levé et les ruines sont encore désertes. La vue sur ces ruines ultra connues et dont la photo poursuit chaque voyageur qui entre au Pérou, est très émouvante. Mais –ATTENTION SPOILER ALERTE, NE PAS LIRE LA SUITE SI VOUS COMPTEZ UN JOUR ALLER AU MACHU PICCHU, ca gâcherait la magie - ce qui est en fait le plus impressionnant et auquel je ne m’attendais pas, est le paysage qui entoure le sanctuaire. Les montagnes autour sont spectaculaires et le huayna pichu - le très célèbre pic qu’on voit en toile de fond et qui mime le visage d’un homme sur le dos- et bien il parait tout petit au milieu de ses voisines. Imaginez les gros rochers de la baie d’Halong. Vous visualisez ? Multipliez leur hauteur par 10, enlevez l’eau et rapprochez les les uns des autres, vous aurez à peu près le paysage qui entoure le sanctuaire.


Apres une tartine de Nutella, spécialement ramenée pour ce moment important (un moment Nutella), j’ai passé ma journée à crapahuter au milieu des vieilles pierres et des lamas avec Théo. On a escaladé la montagne (pas le huayna, l’autre) par des antiques escaliers plus ou moins raides et surtout très inégaux (Théo, l’étudiant en architecture, était outré.. zut a la fin, il y a des règles pour calculer la taille de la marche et de la contre marche !!). Cette journée au final, n’était pas moins fatiguante que les autres. J’ai abandonné les garçons et me suis payé le billet de train très cher pour rentrer à Cusco. Au programme, en cas, boissons, danses folklorique et défilé d’articles haut de gamme en alpaga… !


Apres tout ça, de retour à l’auberge de jeunesse a Cusco, j’ai passé quelques jours tranquilles à explorer le centre-ville, la Plaza des armas, les vieux murs incas sur lesquels sont construites les églises coloniales… et à dormir !


Lundi soir direction Arequipa la blanche en bus de nuit. Je me suis baladé avec une taiwanaise très sympa dans le centre historique. Arequipa a son style propre. Les édifices en pierre volcanique blanche (« sillar ») sont ornés de façades baroques exubérantes. On découvre derrière des portes sculptées, des cloitres, des patios… et rien ne dépasse 2 étages, pour résister aux très fréquents tremblements de terre. En toile de fond les volcans Misti et Cotahuasi aux sommets enneigés. En plus il fait beau et doux toute l’année. Et on y mange bien, ce dont je ne me suis pas privée. Mais il me tarde de changer de pays et l’escale à Arequipa sera de courte durée. Me voilà dans un bus, au milieu d’étranges dunes roses.. Direction le Chili !